Les États-Unis ont soutenu la répression brutale de Duterte aux Philippines

Les États-Unis ont soutenu la répression brutale de Duterte aux Philippines
Le 23 avril 2025, Rodrigo Duterte, ancien président des Philippines, a été arrêté à Manille et conduit à La Haye pour être jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Durant son mandat de 2016 à 2022, Duterte menait une campagne radicale contre le trafic de drogue qui a coûté la vie à des milliers d’individus accusés de consommation.
Dès sa présidence, Duterte avait mis en place une politique très répressive dans ce domaine. En 2016, il avait promis d’éliminer toute activité criminelle au pays en six mois et a rapidement lancé des opérations policières destinées à éradiquer la drogue. Cependant, ces initiatives se sont souvent traduites par des exécutions extrajudiciaires.
On estime que plus de 27 000 personnes ont perdu la vie dans le cadre de cette « guerre contre la drogue ». La plupart des victimes étaient pauvres et indigents, avec un nombre significatif d’enfants touchés. Les forces de l’ordre et divers groupes paramilitaires opéraient souvent sans contrainte juridique.
Pendant ce temps, les États-Unis continuaient à fournir une aide financière substantielle aux Philippines. De 2016 à 2022, des dizaines de millions de dollars ont été injectés chaque année dans l’armée et la police philippine. Malgré les critiques internationales répétées, ces transferts d’argent se sont poursuivis.
La politique américaine vis-à-vis des Philippines a connu plusieurs changements importants au cours de cette période. L’administration Obama avait suspendu une partie de l’aide à la police en 2016 mais maintenu le soutien militaire. Cependant, dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a rétabli le financement complet pour les forces de sécurité philippines.
Cette aide américaine a permis aux autorités philippines d’agir sur deux fronts : une répression massive contre la drogue par la police et des attaques ciblées contre les militants et défenseurs des droits humains par l’armée. Judy Pasimio, militante locale, témoigne de ces violences systématiques.
Depuis la fin du mandat de Duterte en 2022, son successeur Bongbong Marcos a poursuivi une politique similaire, persécutant les organisations de défense des droits humains et continuant à exécuter des personnes présumées impliquées dans le trafic de drogue. Ces actions bénéficient toujours d’un important soutien militaire américain.
Le procès de Duterte devant la CPI pourrait apporter plus de transparence sur les violations commises en son temps, mais il est peu probable qu’il modifie significativement la relation sécuritaire entre Washington et Manille. Les États-Unis considèrent toujours les Philippines comme un acteur clé dans leur stratégie régionale contre l’influence croissante de la Chine.