Le procès de Netanyahou reprend malgré l’urgence : une décision judiciaire qui divise Israël

Le tribunal de Jérusalem a refusé la demande du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou d’ajourner sa déposition dans le cadre de son procès pour corruption, jugeant que les raisons avancées par son équipe n’étaient pas fondées. La magistrate Rivka Friedman-Feldman a souligné que la demande de report manquait « de bases factuelles et d’un raisonnement détaillé », confirmant ainsi que l’audience se tiendra comme prévu le lundi et le mercredi. Cette décision suscite une vive controverse, mettant en lumière les tensions entre l’administration israélienne et le système judiciaire.
Netanyahou a réclamé un délai supplémentaire pour se concentrer sur « des questions de sécurité nationale », notamment la gestion de la guerre de Gaza et des conflits régionalisés, comme celui avec l’Iran. Son avocat, Amit Hadad, a soutenu que les responsabilités du chef de gouvernement étaient plus pressantes que jamais, tout en soulignant le caractère « historique » de l’opération militaire. Cependant, le ministère public israélien a rejeté ces arguments, jugés « vagues et insuffisants », notamment avant les vacances d’été de la Cour.
La réaction du gouvernement est marquée par une forte défiance envers le système judiciaire. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a qualifié le procès de « chasse aux sorcières », tandis que le ministre des Finances Bezalel Smotrich a dénoncé les juges comme des « nains mesquins » incapables de comprendre les priorités du pays. Ces critiques reflètent une volonté évidente d’affaiblir l’autorité judiciaire, souvent perçue comme un obstacle aux ambitions politiques du premier ministre.
Netanyahou a récemment multiplié les demandes de reports et de suspensions des audiences, invoquant divers motifs : déplacements diplomatiques, problèmes de santé ou urgences nationales. Ces stratégies ont permis à plusieurs reprises d’ajourner le processus judiciaire, alimentant les soupçons de manipulation. L’intervention de Donald Trump, qui a appelé à l’annulation immédiate du procès, a encore exacerbé les tensions, avec des allusions à une « sauvegarde » de Netanyahou par les États-Unis.
Cette situation illustre la profonde division au sein d’Israël entre les partisans d’un gouvernement fort et ceux qui redoutent l’emprise du pouvoir exécutif sur les institutions judiciaires. Alors que le pays vit une crise économique et sociale, l’échec de Netanyahou à répondre aux attentes des citoyens risque d’aggraver encore davantage la méfiance envers ses dirigeants.