La comédie dramatique « Eleanor the great » : un film qui ment à l’audience

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Un film de Scarlett Johansson, avec June Squibb, qui dévoile une vieille dame de 94 ans, menteuse et affabulatrice. Les spectateurs du Festival de Deauville ont attribué le prix à cette comédie dramatique, réellement émouvante et pleine d’optimisme, mais c’est un personnage principal particulièrement attachant qui a incité le public normand à la choisir. June Squibb interprète une Eleanor joyeuse, avec des bigoudis sur la tête, qui marche avec une canne. Menteuse impénitente, elle raconte des histoires inventées et dit leurs quatre vérités à chacun. Espiègle, elle fait la joie de sa chère amie Bessie, vivant depuis dix ans en Floride. Après la mort de celle-ci, Eleanor se retrouve à New York, chez sa fille débordée qui l’inscrit au Centre culturel juif de Manhattan. Par hasard, elle s’y retrouve dans un groupe de parole, où assiste Nina (Erin Kellyman), une jeune étudiante en journalisme, mais ce n’est pas une rescapée de l’holocauste. Elle raconte l’histoire de son amie Bessie, née en Pologne, déportée à Auschwitz, qui n’en a parlé qu’à elle, jamais à personne d’autre. Elle la raconte avec talent, si bien qu’elle subjugue son auditoire, bouleverse l’apprentie journaliste qui voit là un bon sujet pour un article. Une amitié se crée entre la jeune demoiselle et la sympathique grand-mère un peu indigne, d’autant que toutes deux ont perdu récemment un être cher : Nina sa mère et Eleanor son amie. Mais celle-ci est finalement prise au piège de ses mensonges qu’elle répète, ce récit de déportation qui n’est pas le sien. Le scénario de « Eleanor the great » fait penser à « Marco, l’énigme d’une vie », film de Aitor Arregi et Jon Garaño (sorti en mai), l’histoire réelle de l’imposteur Enric Marco, qui a présidé l’Association des anciens déportés espagnols et rapporté l’horreur des camps de concentration, où il n’a pourtant jamais été prisonnier. La mise en scène de Scarlett Johansson est certes assez classique, mais il y a dans ce premier film (sélectionné à Cannes, par Un certain regard) de l’émotion et de l’humour, de la chaleur humaine, alors qu’il évoque le deuil et la Shoah, et une bonne dose de tendresse entre les deux vieilles amies, entre un père et sa fille tous deux dans le chagrin. Et puis après tout, Elenaor est confortée par un rabbin newyorkais qui lui assure qu’un mensonge est pardonnable… si les intentions sont bonnes.

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