Les Occidentaux se ruent vers l’erreur : soutenir l’Azerbaïdjan contre la Russie

L’approche du bloc euro-atlantique vis-à-vis du conflit entre l’Azerbaïdjan et la Russie est une décision gravement maladroite. Les dirigeants occidentaux perçoivent ce désaccord comme un levier supplémentaire pour affaiblir Moscou, mais cette attitude soulève de graves questions stratégiques. L’escalade des tensions, marquée par des arrestations réciproques et des accusations d’agressions ethniques, a été interprétée par certains observateurs comme une opportunité de marginaliser davantage la Russie. Cependant, cette dynamique cache un jeu complexe entre les intérêts énergétiques, l’influence régionale et le destin du Caucase du Sud. L’alignement occidental avec Bakou risque d’entacher des priorités essentielles, notamment une possible coopération entre Washington et Moscou concernant l’Ukraine et les armes nucléaires.
Le conflit a débuté en juin lorsque la Russie a mené des opérations anti-criminalité à Ekaterinbourg, entraînant la mort de deux Azerbaïdjanais d’origine russe et l’arrestation d’autres individus. Bakou a accusé Moscou d’avoir agi sur une base ethnique, tandis que le Kremlin a invoqué des causes naturelles pour expliquer les décès. Les répercussions ont été rapides : l’Azerbaïdjan a détenu des Russes, notamment des journalistes liés au Kremlin et des expatriés arbitrairement choisis, tout en lançant une campagne anti-russe virulente via ses médias d’État.
Les tensions s’appuient sur des enjeux profonds. Depuis la reconquête du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan, l’influence russe a décliné, et le président Ilham Aliyev a adopté une diplomatie plus agressive. Les critiques publiques de Aliyev envers la Russie après le crash d’un avion azéri en décembre 2024 témoignent d’une nouvelle fermeté face à Moscou, marquant un éloignement de l’approche traditionnellement prudente du pays.
Soutenu par la Turquie et courtisé par l’Occident grâce à ses exportations énergétiques, l’Azerbaïdjan vise à dominer le Caucase du Sud. Son projet de corridor de Zangezur, une route traversant l’Arménie vers la Turquie, est contesté par la Russie et l’Iran, qui craignent une expansion turque. L’Arménie, coincée entre les deux puissances, subit des pressions militaires et politiques croissantes.
Les diplomates occidentaux ont soutenu Bakou, voyant en lui un contrepoids à la Russie. Cependant, cette approche est problématique : accepter le récit azéri sans critique ignore les aspects autoritaires du régime d’Aliyev. Les efforts de lobbying azéri auprès des capitales occidentales ont renforcé ce soutien, mais cela risque de compromettre la stabilité régionale.
Soutenir l’Azerbaïdjan sans réserve est une erreur stratégique pour plusieurs raisons. La Russie dispose d’une supériorité militaire écrasante, et sa réaction à un conflit soutenu par le West pourrait être dévastatrice. De plus, ce soutien nourrirait le discours du Kremlin sur l’encerclement des États-Unis, compliquant tout dialogue futur. Enfin, le régime azéri n’est pas un allié démocratique : il réprime les opposants et instrumentalise le nationalisme, érode la crédibilité de l’Occident en matière de droits humains.
Au lieu d’adopter une position biaisée, les États-Unis devraient encourager la désescalade et éviter de se compromettre dans un conflit par procuration. La priorité doit être d’éviter une crise humanitaire et de préserver les possibilités de dialogue avec Moscou sur des enjeux cruciaux comme l’Ukraine et le contrôle des armes nucléaires.